Réparer les vivants
Maylis de Kerangal
Verticales
Le sujet est dur : la mort
d’un jeune homme et la question du don d’organes.
Simon Limbres a tout juste 20
ans. Il part surfer la nuit avec des copains. A leur retour au petit matin,
épuisés par les vagues, c’est l’accident. Ensuite le SAMU, les urgences puis l’annonce aux parents : mort
cérébrale, « cœur battant toujours ». Une fois obtenu l’accord des
parents, une autre histoire commence : 24 heures pendant lesquelles le
cœur toujours battant de Simon devient promesse de vie pour Claire, déficiente
cardiaque.
Le récit de Maylis de Kerangal
est minutieusement documenté, aussi bien sur les transplantations et l’univers
médical que sur tous les autres thèmes abordés, tel le surf. Mais le roman va
bien au-delà de l’aspect technique. Il raconte aussi tout ce qui ne se comprend
pas par la science : la douleur, la peur, le mystère de la mort, la symbolique
du cœur. Comme pour tendre le récit vers
les « vivants » du titre, l’écriture est vive, précise, énergique.
De zéro à Z : l’abécédaire de l’inutile
Plonk &
Replonk
Hoëbeke
On connaissait l’humour anglais, voici l’humour suisse. Les
coupables : deux frères originaires du canton de Neuchâtel. Dès
l’adolescence, ils ont développé un goût certain pour l’absurde et l’humour noir
en publiant à cent exemplaires Le Yaourt qui tue, accompagné d’un sachet
de terre. Mais leur véritable vocation est venue avec la découverte d’un lot de
vieilles photographies. Après collage, trucages divers et légendes adaptées,
ces cartes postales surannées se transforment par leurs soins en chefs-d’oeuvre
de nonsense, loufoques, saugrenus, surréalistes, énigmatiques. Ci-contre,
« balançoire bretonne ». Il y a aussi : « Saisie
d’instruments désaccordés par la police des fanfares », « Falaise se
jetant d’une falaise » ou bien « Il est communément admis de c’est à
la lecture des viscères d’un jeune trader que l’on parvient à prédire les
tendances économiques les plus fiables ». Un nouveau concept est né, la
« plonkitude » des choses.
Le Lion et l’oiseau
Marianne Dubuc
La Pastèque
C’est l’automne. Le lion ramasse les feuilles mortes dans
son jardin. Il découvre alors un oiseau blessé. Le temps de lui faire un
bandage, tous ses congénères ailés ont continué vers le Sud et la chaleur. Le
lion offre l’hospitalité à son nouvel ami et l’hiver s’écoule tranquillement
avec les jeux, la lecture et les goûters. Lorsque revient le printemps, les
oiseaux sont là de nouveau et le petit protégé du lion ne peut retenir son
instinct de les suivre.
Un album plein de douceur et de tendresse sur la force et la
durée d’une amitié, l’acceptation du départ de l’autre puis la joie de le retrouver,
l’écoulement paisible des saisons. Les images aussi bien que le texte sont d’une
infinie délicatesse.
A partir de 3-4
ans.
Mandolin sonatas
Domenico Scarlatti, Artemandoline
Brilliant classics
On s’attend plus à entendre de la mandoline pour accompagner
les chansons napolitaines que dans la musique baroque du XVIIIe siècle. Juan
Carlos Muñoz et Mari Fe Pavon avec leur ensemble Artemandoline se sont attachés
à lui redonner ses lettres de noblesse. Ils jouent sur des instruments d’époque,
pourtant leur musique n’a rien de poussiéreux, avec une interprétation pleine
de vivacité et de spontanéité. Leur démarche illustre aussi le travail des
musicologues, qui a tout d’une enquête policière : parmi les 555 sonates
pour clavecin de Scarlatti, cinq sont un peu atypiques dans leur partie
supérieure. Les interprétations de la mélodie au violon n’étant pas
satisfaisantes, Artemandoline a essayé la mandoline, et le résultat coule de
source. Depuis, leur hypothèse semble se confirmer avec la découverte d’un nouveau
manuscrit de l’une de ces sonates à la bibliothèque de l’Arsenal de Paris,
explicitement intitulée « Sonatina per mandolino e cembalo ».